mercredi 8 août 2012

Face aux risques de pénurie alimentaire mondiale, il faut produire plus, partout où cela est possible, notamment en France

champ ble_mais passioncereal Alors que sont annoncées actuellement des baisses significatives des estimations des récoltes céréalières des principales régions de production mondiales, impactées par un certain nombre d’aléas climatiques, Philippe PINTA, le Président de l’association générale des producteurs de blé appelle, dans une tribune du journal Les Echos du 7 août, à une mobilisation générale pour produire plus partout où cela est possible.

Sécheresse dans le middle-west américain, en Ukraine, en Russie... et voilà le marché du blé et du maïs qui se tend, voilà le spectre d’une pénurie alimentaire mondiale et d’émeutes de la faim agité par quelques-uns.
De fait, il est possible que les cours atteignent au cours des prochaines semaines les niveaux connus en 2007. De fait, cette année-là a marqué une véritable rupture avec trois décennies pendant lesquelles la disponibilité alimentaire semblait aller de soi, même si elle n’était pas uniformément répartie. En Europe, on dénonçait des excédents insupportables.
Depuis 2007, le monde a pris conscience que pour nourrir 9 milliards d’individus à échéance de 2050 le défi de la production était considérable. Ce défi nécessite de la clairvoyance et de la constance dans l’action. Il nécessite une mobilisation générale, dans les pays en développement certes, dans les pays émergents assurément, mais aussi dans les pays développés tels la France qui ont la capacité de produire au-delà de leurs propres besoins, c’est-à-dire les pays exportateurs : Il va falloir produire plus, avec moins d’impact sur l’environnement, nécessairement, mais il nous faut produire plus -et c’est possible- en France.
La France dispose en effet d’atouts considérables : le niveau d’excellence de son agriculture, la compétence de ses producteurs, un climat tempéré, optimal pour une production agricole abondante et régulière. Cette situation est particulièrement nette pour les céréales et singulièrement pour le blé, notre production de référence, un produit sain, riche en énergie, riche en protéines qui constitue la base de l’alimentation dans une grande partie du monde.
Au-delà de l’approvisionnement du marché national -nul ne s’interroge plus depuis 1945 sur la satisfaction de nos besoins essentiels-, notre production de 35 millions de tonnes de blé par an s’exporte à 50%, à part presqu’égales entre l’Union européenne et le reste du monde. D’où un excédent de nos exportations de grains de 7.5 milliards d’€, alors que notre commerce extérieur global est déficitaire de 75 milliards. 7,5 Mds d’€ par an, l’équivalent de deux Airbus par semaine.
Nos voisins et partenaires du sud de la Méditerranée le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, la Lybie qu’une population en rapide développement et un climat défavorable rend structurellement déficitaires comptent sur la stabilité de notre production de blé pour leur équilibre économique, social et politique. Les autres grands exportateurs -Etats-Unis, Canada, Argentine, Australie, Russie, Ukraine et Kazakhstan- ont un climat continental souvent extrême et, partant , une production qui peut varier du simple au double.
Céréaliers de France, nous proposons de développer cette richesse qui est la nôtre, que celle-ci participe au redressement de notre pays, qu’elle participe à une croissance que le Gouvernement appelle de ses vœux. Il est généralement plus aisé de développer ce qui marche, comme les céréales, que de maintenir à flot des secteurs que l’on a laissé trop longtemps se dégrader comme l’industrie. Pour cela, nul besoin de crédits publics supplémentaires. Ce qu’il faut, c’est une volonté de tous les acteurs et de l’Etat, un objectif clair et assumé, la confiance dans les capacités des agriculteurs de relever ce défi et dans leur sens des responsabilités pour mettre en œuvre des techniques respectueuses de l’environnement. Nous allons dans les prochaines semaines faire des propositions en ce sens au Président de la République, au Premier Ministre, aux Ministres de l’Agriculture et de l’Ecologie.
Vis-à-vis de nos amis éleveurs, et les céréaliers sont souvent aussi des éleveurs, nous sommes prêts à développer une politique contractuelle qui atténue les effets de la volatilité excessive des prix mondiaux. Au travers d’Etablissements financiers que nous avons créés tels UNIGRAINS, nous sommes également prêts à accompagner les entreprises de la filière pour créer plus de valeur ajoutée et d’emplois dans nos régions.
Dans le contexte économique général préoccupant qui est le nôtre, le nouveau Gouvernement semble avoir adopté, une approche pragmatique. Les céréaliers et plus généralement les agriculteurs sont prêts à apporter leur contribution à l’action de redressement à laquelle chacun se doit de participer.

Source AGPB

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