lundi 11 août 2014

Première rencontre entre la FNSEA03 et le nouveau Préfet


De gauche à droite : 
E. BRECHIGNAC (agriculteur), E. FERRAND (Président FNSEA03), A. COCHET (Préfet de l'Allier)


Le bureau de la FNSEA03 a invité le nouveau Préfet de l’Allier sur une exploitation agricole qui pourrait être classée nouvellement en zone vulnérable pour une première prise de contact, depuis son arrivée dans le département.
C’est sur l’exploitation d’Emmanuel Bréchignac, agriculteur à Marigny, qu’élus agricoles et représentants de l’Etat se sont retrouvés, le Préfet étant accompagné de M.Paya, directeur adjoint de la DDT.
La ferme visitée a servi de support pour démontrer toute l’actualité pour une part préoccupante sur l’agriculture du département.

Emmanuel Bréchignac exploite 125ha, un tiers en herbe avec une production de moutons et les deux tiers en cultures dont une petite partie pour l’autoconsommation de ses animaux. L’exploitation est en zone défavorisée simple permettant de percevoir l’ICHN et reste dans une zone bocagère malgré une surface importante en cultures.
Le Président de la Chambre d’Agriculture faisait partie des agriculteurs et de concert avec le président de la FNSEA03, ont expliqué en détail au Préfet les applications de la nouvelle PAC et ses conséquences sur l’agriculture départementale.
Il en ressort, que du fait de la taille plutôt importante des exploitations agricoles du département et du zonage, les éleveurs du département ne seront pas les grands bénéficiaires de cette PAC comme annoncée par le pouvoir politique, sans être non plus perdants. Par contre les exploitations de grandes cultures représentant 35% de l’économie agricole du département seront les grandes perdantes de cette nouvelle politique.
Les responsables syndicaux ont fortement appuyé sur le fait que, tant sur le dossier de la vache allaitante que le zonage intermédiaire, ils aient eu besoin d’exercer de fortes pressions à tous les niveaux y comprit ministériels, afin de rectifier un projet de PAC qui aurait été une catastrophe sans ces actions. Entre le projet initial et celui validé, la pression syndicale départementale a permis de dégager 6 millions d’Euros supplémentaires pour le département.


Les MAEC faisait partie du menu de la visite, et les responsables agricoles ont sur ce sujet exprimé une incompréhension totale au sujet de mesures complexes, avec des critères inabordables ne pouvant pas être appliqués par la plus grande majorité des agriculteurs, d’autant plus qu’à la veille de l’application des mesures, tous les critères ne sont pas encore connus. Les élus ont mis en garde le Préfet, sur des sommes importantes du 2e pilier de la PAC concernant les MAEC, qui risquent de ne pas être consommées et donc faire défaut aux agriculteurs du département, démontrant là aussi un décalage entre l’affichage politique et la réalisation sur le terrain. Les agriculteurs ont exprimé, de plus, leur crainte quant à la gestion de ces fonds par la Région, qui on le sait a une vision bucolique de l’agriculture.

L’ICHN fait partie aussi de ces craintes, car les montants annoncés ne pourront se vérifier qu’une fois les déclarations faites par les agriculteurs en 2015, l’enveloppe à répartir n’étant plus départementale mais régionale, ouvrant la porte sur de grandes inconnues.

L’annonce le 24 juillet par Ségolène Royale, d’une nouvelle révision des zones vulnérables, ayant un fort impact sur le département de l’Allier, a été l’objet d’âpres discussions entre les syndicalistes et le Préfet. Les agriculteurs ne comprennent pas comment ce zonage peut être scientifiquement valable quand on sait que l’Allier, en 2012 lors du dernier zonage, était le bon élève de la classe avec le déclassement de 17 communes. Comment expliquer que toute la forêt de Tronçais est en zone vulnérable, comment expliquer que le bassin thermal de Vichy est en zone vulnérable, alors que le commerce de l’eau s’y fait sur la base d’une eau dénuée de toute pollution, comment expliquer que la montagne Bourbonnaise, est en zone vulnérable alors qu’il n’existe aucune nappe souterraine ?
Les agriculteurs ont démontré avec fermeté, au représentant de l’Etat, l’incohérence et le surréalisme de cette nouvelle mesure qui handicapera fortement les agriculteurs concernés par de nouvelles contraintes en matière de stockage d’effluents, d’épandage des engrais organiques et minéraux et de raisonnement technique des pratiques agricoles.
Le président de la FNSEA03 accompagné des membres du bureau ont indiqué clairement au Préfet qu’ils n’accepteraient pas une telle mesure, qu’ils exigeaient le retour au zonage 2012 et qu’à défaut des actions seront prises, y comprit en y associant les acteurs des métiers de l’eau potable du département, même contre leur gré.
Les agriculteurs refusent catégoriquement d’être les seuls responsables d’une pollution dont l’origine est loin d’être avérée qu’elle soit agricole.

Les contrôles des 4400 dossiers PAC du département pour défaut de définition sur les RPG est aussi un sujet de mécontentement évoqué avec le représentant de l’Etat. Les agriculteurs ont convenu que les méthodes de définition graphique puissent évoluer mais il est inacceptable que les agriculteurs déclarant puissent être pénalisés sur les années antérieures. La FNSEA03 demande donc que 2014 soit une année de référence en matière de définition parcellaire, qu’une avance des aides PAC soit versée en octobre pour les dossiers en contrôle et qu’aucune pénalité financière se fasse sur les années antérieures.
Verbaliserait-on pour excès de vitesse un conducteur constaté en 2012 à 90 km/h sur une zone devenue à 70 km/h en 2014 ?

Le président de la FNSEA03 a insisté sur le sujet des contrôles environnementaux et a demandé que les discussions et le travail entrepris depuis septembre 2013 débouchent sur la diffusion du guide des lois sur l’eau et d’un accord sur le projet de charte des contrôles proposé par le syndicat en lien avec les services de la police de l’eau et le ministère de la justice.

Enfin les agriculteurs présents ont expliqué la conjoncture difficile des récoltes des céréales en 2014 et la mauvaise qualité générale induisant des cours bien en dessous des prix de revient, dans un contexte mondial peu favorable aux échanges commerciaux pourtant indispensables aux débouchés de produits agricoles, qu’ils soient végétaux ou animaux. En citant l’embargo Russe, les cas de fièvre aphteuse en Algérie, les guerres au Moyen Orient, ce sont des marchés qui se ferment et qui vont peser sur des cours déjà faibles.  Les discussions autour du traité d’échange UE/USA risquent aussi de pénaliser l’agriculture européenne, renforcé en cela par la mise en place d’un nouveau Farm-Bill américain très en faveur de ses agriculteurs par une application d’une politique à l’inverse de la PAC.
Enfin la FNSEA03 a mis en avant la possibilité d’un fort développement de l’emploi agricole à condition que le droit du travail s’adapte mieux aux conditions des saisons et la météo en agriculture et que les charges pesant sur les salaires disparaissent au profit de salariés mieux rémunérés et plus nombreux.

Tous les points ont fait l’objet de nombreux échanges entre les agriculteurs et le Préfet, ce dernier ayant dialogué librement, répondu aux questions et s’engageant à porter les craintes des agriculteurs aux niveaux de décision.

Autour d’un verre les membres du bureau de la FNSEA03, ont assuré le Préfet d’un dialogue toujours prioritaire entre eux-mêmes et les représentants de l’Etat, dans le but de développer une agriculture nécessaire à l’économie du département et indispensable aux agriculteurs et leurs familles.
L’agriculture peut être un secteur économique porteur dans les années à venir à condition d’une volonté politique et de moyens mis en Å“uvre dans ce sens.

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