De gauche à droite : E. BRECHIGNAC (agriculteur), E. FERRAND (Président FNSEA03), A. COCHET (Préfet de l'Allier) |
Le bureau de la FNSEA03 a invité le nouveau Préfet de
l’Allier sur une exploitation agricole qui pourrait être classée nouvellement
en zone vulnérable pour une première prise de contact, depuis son arrivée dans
le département.
C’est sur l’exploitation d’Emmanuel Bréchignac, agriculteur
à Marigny, qu’élus agricoles et représentants de l’Etat se sont retrouvés, le
Préfet étant accompagné de M.Paya, directeur adjoint de la DDT.
La ferme visitée a servi de support pour démontrer toute
l’actualité pour une part préoccupante sur l’agriculture du département.
Emmanuel Bréchignac exploite 125ha, un tiers en herbe
avec une production de moutons et les deux tiers en cultures dont une petite
partie pour l’autoconsommation de ses animaux. L’exploitation est en zone
défavorisée simple permettant de percevoir l’ICHN et reste dans une zone
bocagère malgré une surface importante en cultures.
Le Président de la Chambre d’Agriculture faisait partie
des agriculteurs et de concert avec le président de la FNSEA03, ont expliqué en
détail au Préfet les applications de la nouvelle PAC et ses conséquences sur
l’agriculture départementale.
Il en ressort, que du fait de la taille plutôt importante
des exploitations agricoles du département et du zonage, les éleveurs du département
ne seront pas les grands bénéficiaires de cette PAC comme annoncée par le
pouvoir politique, sans être non plus perdants. Par contre les exploitations de
grandes cultures représentant 35% de l’économie agricole du département seront
les grandes perdantes de cette nouvelle politique.
Les responsables syndicaux ont fortement appuyé sur le
fait que, tant sur le dossier de la vache allaitante que le zonage
intermédiaire, ils aient eu besoin d’exercer de fortes pressions à tous les
niveaux y comprit ministériels, afin de rectifier un projet de PAC qui aurait
été une catastrophe sans ces actions. Entre le projet initial et celui validé,
la pression syndicale départementale a permis de dégager 6 millions d’Euros
supplémentaires pour le département.
Les MAEC faisait partie du menu de la visite, et les
responsables agricoles ont sur ce sujet exprimé une incompréhension totale au
sujet de mesures complexes, avec des critères inabordables ne pouvant pas être
appliqués par la plus grande majorité des agriculteurs, d’autant plus qu’à la
veille de l’application des mesures, tous les critères ne sont pas encore
connus. Les élus ont mis en garde le Préfet, sur des sommes importantes du 2e
pilier de la PAC concernant les MAEC, qui risquent de ne pas être consommées et
donc faire défaut aux agriculteurs du département, démontrant là aussi un
décalage entre l’affichage politique et la réalisation sur le terrain. Les
agriculteurs ont exprimé, de plus, leur crainte quant à la gestion de ces fonds
par la Région, qui on le sait a une vision bucolique de l’agriculture.
L’ICHN fait partie aussi de ces craintes, car les
montants annoncés ne pourront se vérifier qu’une fois les déclarations faites
par les agriculteurs en 2015, l’enveloppe à répartir n’étant plus départementale
mais régionale, ouvrant la porte sur de grandes inconnues.
L’annonce le 24 juillet par Ségolène Royale, d’une
nouvelle révision des zones vulnérables, ayant un fort impact sur le département
de l’Allier, a été l’objet d’âpres discussions entre les syndicalistes et le
Préfet. Les agriculteurs ne comprennent pas comment ce zonage peut être
scientifiquement valable quand on sait que l’Allier, en 2012 lors du dernier
zonage, était le bon élève de la classe avec le déclassement de 17 communes.
Comment expliquer que toute la forêt de Tronçais est en zone vulnérable,
comment expliquer que le bassin thermal de Vichy est en zone vulnérable, alors
que le commerce de l’eau s’y fait sur la base d’une eau dénuée de toute
pollution, comment expliquer que la montagne Bourbonnaise, est en zone
vulnérable alors qu’il n’existe aucune nappe souterraine ?
Les agriculteurs ont démontré avec fermeté, au
représentant de l’Etat, l’incohérence et le surréalisme de cette nouvelle mesure
qui handicapera fortement les agriculteurs concernés par de nouvelles
contraintes en matière de stockage d’effluents, d’épandage des engrais
organiques et minéraux et de raisonnement technique des pratiques agricoles.
Le président de la FNSEA03 accompagné des membres du
bureau ont indiqué clairement au Préfet qu’ils n’accepteraient pas une telle
mesure, qu’ils exigeaient le retour au zonage 2012 et qu’à défaut des actions
seront prises, y comprit en y associant les acteurs des métiers de l’eau potable
du département, même contre leur gré.
Les agriculteurs refusent catégoriquement d’être les
seuls responsables d’une pollution dont l’origine est loin d’être avérée
qu’elle soit agricole.
Les contrôles des 4400 dossiers PAC du département pour
défaut de définition sur les RPG est aussi un sujet de mécontentement évoqué
avec le représentant de l’Etat. Les agriculteurs ont convenu que les méthodes
de définition graphique puissent évoluer mais il est inacceptable que les
agriculteurs déclarant puissent être pénalisés sur les années antérieures. La
FNSEA03 demande donc que 2014 soit une année de référence en matière de
définition parcellaire, qu’une avance des aides PAC soit versée en octobre pour
les dossiers en contrôle et qu’aucune pénalité financière se fasse sur les
années antérieures.
Verbaliserait-on pour excès de vitesse un conducteur
constaté en 2012 à 90 km/h sur une zone devenue à 70 km/h en 2014 ?
Le président de la FNSEA03 a insisté sur le sujet des
contrôles environnementaux et a demandé que les discussions et le travail
entrepris depuis septembre 2013 débouchent sur la diffusion du guide des lois
sur l’eau et d’un accord sur le projet de charte des contrôles proposé par le
syndicat en lien avec les services de la police de l’eau et le ministère de la
justice.
Enfin les agriculteurs présents ont expliqué la
conjoncture difficile des récoltes des céréales en 2014 et la mauvaise qualité
générale induisant des cours bien en dessous des prix de revient, dans un
contexte mondial peu favorable aux échanges commerciaux pourtant indispensables
aux débouchés de produits agricoles, qu’ils soient végétaux ou animaux. En
citant l’embargo Russe, les cas de fièvre aphteuse en Algérie, les guerres au
Moyen Orient, ce sont des marchés qui se ferment et qui vont peser sur des
cours déjà faibles. Les discussions
autour du traité d’échange UE/USA risquent aussi de pénaliser l’agriculture
européenne, renforcé en cela par la mise en place d’un nouveau Farm-Bill
américain très en faveur de ses agriculteurs par une application d’une
politique à l’inverse de la PAC.
Enfin la FNSEA03 a mis en avant la possibilité d’un fort
développement de l’emploi agricole à condition que le droit du travail s’adapte
mieux aux conditions des saisons et la météo en agriculture et que les charges
pesant sur les salaires disparaissent au profit de salariés mieux rémunérés et
plus nombreux.
Tous les points ont fait l’objet de nombreux échanges
entre les agriculteurs et le Préfet, ce dernier ayant dialogué librement,
répondu aux questions et s’engageant à porter les craintes des agriculteurs aux
niveaux de décision.
Autour d’un verre les membres du bureau de la FNSEA03, ont
assuré le Préfet d’un dialogue toujours prioritaire entre eux-mêmes et les
représentants de l’Etat, dans le but de développer une agriculture nécessaire Ã
l’économie du département et indispensable aux agriculteurs et leurs familles.
L’agriculture peut être un secteur économique porteur
dans les années à venir à condition d’une volonté politique et de moyens mis en
Å“uvre dans ce sens.
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