mercredi 29 juillet 2015

Lettre aux Paysans - Xavier Beulin





PARIS, le 28 juillet 2015


LETTRE AUX PAYSANS





La situation est difficile, très difficile pour les paysans Français, pour vous, pour nous, ce sont
des moments de doutes importants. Le métier est touché, il est touché au coeur d’ailleurs
car nombreux sont ceux qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Sur le terrain, je vois
votre colère, une colère liée au désespoir qui vous habite. Cette colère je la vis et la partage.
C’est une saine colère, elle se veut une envie d’avenir face à un présent plombé.
Depuis le départ, la FNSEA avec ses fédérations départementales, gèrent le mouvement
après l’avoir initié. D’actions de barrages, nous sommes passés à des actions plus ciblées et
recentrées sur ceux qui ne jouent pas le jeu, ceux qui ne respectent pas les règles. En effet,
distribution et transformation doivent cesser de se renvoyer la balle de la responsabilité
dans un match où les paysans sont sûrs de perdre.
Je le redis ici, nous avons besoin d’un grand plan de désendettement, de moins de normes,
de contrats justes et équitables mais aussi de prix, de prix et encore de prix !
Il n’y a pas de solution miracle mais il y a des solutions qu’ensemble nous avons à porter
pour que notre travail permette de vivre et d’espérer. Longtemps, on a mis la ruralité et les
paysans de côté. Nous n’étions pas assez « modernes » pas assez « tendance » mais on était
toujours assez bien et bons pour nourrir les Français. Désormais, tout le monde se réveille :
« Tiens les paysans sont en difficulté et n’arrivent plus à vivre de leur métier ». Il n’est jamais
trop tard. Ce n’est pas faute d’avoir alerté.
Face à tout cela, nous parlons haut et fort en ce moment pour expliquer nos revendications.
Nous nous exprimons beaucoup afin de sensibiliser le plus grand nombre à notre quotidien.
Nous allons partout sur le territoire pour soutenir les actions, les productions dans nos
régions.
Notre mobilisation est très forte car juste, légitime et humaine.
Certains voudraient la mépriser, la casser ou se l’approprier alors on attaque la FNSEA ou on
m’attaque.
Faciles et démagogiques, ces attaques fleurissent et veulent nous toucher, me toucher. C’est
mal connaître les paysans qui savent si bien reconnaître le bon grain de l’ivraie ! Quand
autant d’extrêmes positions et de critiques extrémistes viennent contrer notre mur de
responsabilités ; au fond cela renforce nos convictions. Trop de gens sont d’accords pour
nous taper dessus avec seulement ça comme point commun…
Je préside la FNSEA avec une fierté que les mots ne sauraient traduire. Et Oui, je préside aux
destinées d’Avril (Sofiprotéol), un groupe qui exprime la réussite non pas de Xavier Beulin,
mais celle de milliers d’agriculteurs engagés dans les débouchés et la valeur ajoutée.
Aller plus loin ce serait donner du plaisir à nos détracteurs, ceux-là même qui vocifèrent sans
proposer, qui salissent sans comprendre, qui jugent sans savoir ! Nos concurrents syndicaux
après avoir rallié notre cause, reviennent à leurs intérêts. Certains politiques, scotchés par la
situation, cherchent des boucs émissaires et sur les réseaux sociaux certains libèrent leur
haine sans réfléchir.
Au Gouvernement je dis il nous faut le respect des accords conclus et vite passons aux
réflexions et aux solutions d’avenir.
Aux politiques, je redis nous avons besoin du soutien de tous mais de la récupération de
personne.
A nos concitoyens, j’exprime notre gratitude face à leur compréhension et leur sympathie. Ils
sentent qu’il en va d’une partie importante de l’avenir du pays.
A la distribution et à la transformation, j’envoie un message de fermeté, arrêtez vos jeux qui
n’en sont pas et cessez d’user et abuser de votre pouvoir démesuré.
Aux médias, je vous dis merci d’avoir compris nos enjeux qui vont au-delà de notre colère, il
s’agit bien de l’avenir de l’agriculture et de la ruralité française.
A vous, paysans de France, je vous dis tenez bon. Vos difficultés et celles de vos familles ne
doivent pas être inscrites dans le temps. Nous allons rebondir en nous battant. Nous allons
ensemble, unis, construire notre avenir. Nous sommes dans l’ambition du concret et du
possible face à la futilité démagogique et irresponsable. La France mérite une agriculture
debout avec des paysans fiers de leur métier.

                                                                                                                       Xavier BEULIN

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