« Contraintes
réglementaires supplémentaires engendrant un encadrement de plus en plus
strict, coûteux et incohérent des pratiques agricoles : les agriculteurs
n’en peuvent plus ! »
« Si vous voulez manger
français : laissez-nous produire ! »
Voici
les messages que nous sommes venus aujourd’hui vous porter. Plus précisément
nous souhaiterions aborder les points suivants :
-
L’extension du
zonage « zones vulnérables »
-
Les nouvelles
obligations de la 5ème directive nitrates
-
L’accompagnement
financier des exploitations ayant l’obligation d’investir pour une mise aux
normes
-
Le projet du nouveau
SDAGE Loire Bretagne
-
La déclinaison des
SIE (Surface d’Intérêt Ecologiques)
I- L’EXTENSION DU ZONAGE « ZONES VULNERABLES »
Pour une evolution du zonage envisagé
Actuellement,
4597 communes sont classées en zone vulnérable, dont 430 ont été classées en
2012. La proposition de classement envisagé concerne 1 172 communes
supplémentaires sur le bassin Loire-Bretagne.
Le
classement de communes en zones vulnérables fragilise fortement l'agriculture
et l'agroalimentaire et plus particulièrement les exploitations d’élevage.
Alors même qu'il est
basé sur des critères ne correspondant à aucune référence scientifique connue
ou bilan de l'état des eaux, nous nous opposons fermement à cette extension des
zones vulnérables. Il faut faire évoluer ce projet, établi sans concertation,
qui est arbitraire, inexplicable et dangereux pour l'avenir socio-économique de
notre Bassin, et notamment la compétitivité de son agriculture.
Pour
des fondements scientifiques sur l’impact des nitrates sur l’eutrophisation des
eaux continentales et littorales et sur la pertinence de la fixation d’un seuil
unique
Dès
juin 2013, nous avons demandé que les délimitations de zones vulnérables soient
fondées sur des travaux scientifiques de qualité et définies au vu des
contraintes économiques très lourdes qu’elles induisent pour les agriculteurs.
C’est pourquoi nous nous étions opposés à l’extension des zones vulnérables en
décembre 2012. Depuis, l’Etat français n’a commandé aucune étude spécifique sur
le sujet, ce que nous déplorons.
Nous réclamons donc
fortement le lancement, à très court terme, d’une expertise collective,
regroupant à la fois les études scientifiques françaises, mais aussi celles des
autres pays européens voire au niveau international, sur l’impact des nitrates
sur l’eutrophisation des eaux continentales et littorales et sur la pertinence
de la fixation d’un seuil unique.
II- LES NOUVELLES OBLIGATIONS DE LA 5eme DIRECTIVE
NITRATES
Pour
une evolution du cahier des charges
La
5ème directive impose des contraintes très lourdes pour les
agriculteurs dont les exploitations sont situées en zone vulnérable.
Nous demandons que les
discussions soient ré-ouvertes au niveau national et régional sur les points
suivants :
- En matière de pentes,
il est essentiel de ne pas sortir d’hectares de la production. Aussi nous
proposons :
o
D’une
part, de circonscrire les mesures relatives aux pentes aux ilots de cultures
avec des pentes à plus de 20 % dans la bande de 50 m le long de cours d’eau,
o
D’autre
part, dans ces îlots, de seulement rajouter une bande végétalisée de 5 mètres,
sans autre contrainte sur la gestion de la fertilisation de l’ensemble de
l’îlot ;
o
Enfin
de pouvoir récolter les productions des deux bandes végétalisées de 5 m ;
- En matière de
périodes d’interdiction d’épandage, nous souhaitons davantage de possibilité
d’adaptation pour prendre en compte la diversité pédoclimatique et des
productions végétales cultivées ;
- En matière de
stockage des effluents nous prônons le maintien des possibilités de stockage
aux champs et de recours à un calcul individuel des capacités de stockage ;
- Concernant les zones
d’actions renforcées, nous revendiquons leur suppression, d’autant que la
Directive européenne n’oblige pas à l’instauration de telles zones.
- Concernant la
conditionnalité nitrates, nous souhaitons une simplification des points de
contrôle.
Pour
une reconnaissance des efforts des agriculteurs
Nous
tenons à souligner que les agriculteurs se sont engagés dans la prévention des
pollutions et la préservation de la biodiversité. Ils ont massivement investi
dans la mise aux normes des bâtiments d’élevage pour maîtriser les pollutions
ponctuelles, les apports de fertilisants sur les cultures ont fortement diminué
depuis le début des années 90, des bandes enherbées sont généralisées le long
des cours d’eau… Les résultats sont là : dans de nombreux territoires, la
qualité de l’eau s’améliore.
Nous demandons que le
constat que les exploitations agricoles françaises sont aujourd’hui inscrites
dans la croissance durable soit davantage partagé avec la société. Notre
objectif est et reste que, après une amélioration sensible de la qualité des
eaux, des territoires entiers puissent être déclassés.
Pour
une réflexion globale permettant de concilier performance économique et
performance environnementale : « Nitrates Autrement »
Nous
voulons aussi c’est une approche différente de la problématique Nitrates. Ce
que nous appelons «Nitrates Autrement». Nous ne voulons pas d’une logique
réglementaire tatillonne et aveugle qui s’applique sans distinction à tout le
monde, sans tenir compte de la réalité du terrain et des situations. Bref, nous
ne voulons plus de cette directive Nitrates et nous appelons à sa remise à
plat, dès cet automne. Notre démarche est une logique d’objectifs et de
résultats qui s’appuient sur des éléments scientifiques et techniques
incontestables et qui tiennent compte des progrès réalisés.
III- L’ACCOMPAGNEMENT FINANCIER DES EXPLOITATIONS AYANT
L’OBLIGATION D’INVESTIR POUR UNE MISE AUX NORMES
Afin
de permettre le maintien des productions sur tout le territoire, tout
particulièrement des élevages et des cultures spécialisées, nous demandons :
-
D’autoriser
les stockages « rustiques » et l’auto-construction ;
-
De
revoir les délais de déclaration et de finalisation des travaux ;
-
De
mobiliser des moyens financiers suffisants (Europe, Régions, Départements,
Agences de l’eau, Etat) dans les anciennes comme dans les nouvelles zones
vulnérables.
IV- LE PROJET DU NOUVEAU
SDAGE
La
profession agricole est consciente des enjeux de préservation des masses d’eau,
les questions que nous portons ne sont pas un moyen pour nous de nous y
soustraire. Alors que le projet de SDAGE devait se situer dans la continuité du
précédent, nous constatons des évolutions substantielles de la rédaction, dont
certaines vont bien au-delà de ce que la réglementation prévoit. Il s’agit de
construire, en toute légalité, une gestion partagée de l’eau sur le bassin,
adaptée et adaptable à chaque territoire, dans le respect des règles de droit
et en particulier dans le respect des règles propres à la police de l’eau qui
ne disparaissent pas du fait de l’exigence d’une compatibilité entre le SDAGE
et les décisions administratives dans le domaine de l’eau.
Nous ne pouvons
admettre que le SDAGE, en cumulant toutes les restrictions et interdictions,
aboutissent à restreindre voire interdire des pans entiers de l’activité agricole,
soit en générant des charges disproportionnées qui anéantissent tout espoir de
retour sur investissement, soit en alourdissant les contraintes administratives
ou règlementaires au-delà de ce que peuvent supporter les exploitations et les
agriculteurs, soit en ne permettant pas l’adaptation des exploitations et des
entreprises aux modifications du climat tant de fois rappelées dans ce projet
de SDAGE. Nous demandons donc que soient apportées un certain nombre de
modifications détaillées en annexe.
V – LA DECLINAISON DES SIE
En
matière de Surfaces d’Intérêt Ecologique, mesure devant être mis en œuvre dans
le cadre du verdissement de la PAC, nous
dénonçons :
-
La non prise en compte des
infrastructures écologiques de l’ensemble de la SAU mais uniquement sur les
terres arables, les
éléments présents sur ou à proximité des surfaces en herbe ne sont donc pas
comptabilisés.
-
La complexité de calcul des SIE dont
certains coefficients de pondération sont très largement défavorables par
rapport aux SET, notamment
les haies (coef. divisé par 10), les arbres isolés, les lisières de bois, les
vergers …
-
L’absence de règles d’application
figées avant le début de la campagne posant de réelles difficultés aux agriculteurs.
ANNEXE :
Précisions sur les positions professionnelles concernant le projet du SDAGE
Nous
proposons des évolutions de la rédaction du projet de SDAGE Loire Bretagne sur
des points qui nous semblent essentiels pour garantir, dans des conditions
acceptables, la préservation des milieux et le maintien des activités
économiques du bassin.
Concernant
l’esprit du SDAGE et sa portée juridique
Le SDAGE ne peut écrire à la place de la CLE ni décider à sa place
des mesures à prendre. Le code de l’environnement ne lui donne pas cette
compétence. La formalisation stricte du contenu des SAGE dans le SDAGE
complexifie la tâche des CLE et entraverait l’adaptation territoriale des
mesures nécessaires.
En
matière de zonage : au-delà de la simple identification des masses d’eau,
le SDAGE crée des zonages non prévus par le
code de l’environnement, comment ces zonages pourraient donc créer des
exigences opposables aux porteurs de projets IOTA (comme un plafonnement des
prélèvements) ? Le SDAGE ne peut créer de nouveaux zonages. Ces zonages
sont de plusieurs types : Nappes
réservées à l’eau potable (chapitre 6), plan de gestion des têtes de bassin,
plan de gestion durable des zones humides (8C-1), zonage des marais
rétro-littoraux (8C-1), espaces de mobilité des cours d’eau (1B-3), zone
d’influence du point nodal, enveloppe de forte probabilité de zones humides
dans les SCOT (8A-1)… Ces zonages doivent se justifier au regard des
situations locales dont la gravité est avérée et démontrée scientifiquement, ce
qui n’est pas le cas dans le projet de SDAGE, ni dans l’état des lieux du
bassin Loire Bretagne.
Nous demandons que ces zonages ne
fassent pas l’objet de mesures spécifiques de gestion opposables aux décisions
administratives sans avoir préalablement approfondit les connaissances sur ces
zones et évaluer l’impact sur les activités économiques.
Concernant le
Chapitre Nitrates du SDAGE
Dans
son orientation 2A, le projet de SDAGE impose la réduction de teneurs en
nitrates dans les principaux affluents de la Loire, considérant qu’ils sont
responsables de l’eutrophisation à l’estuaire de la Loire. Ces réductions sont
en % de flux de nitrates, certaines allant de 30 à 40 % alors que les teneurs
actuelles de ces cours d’eau sont autour de 20 mg/l de nitrates en moyenne. En
l’absence de bases scientifiques étayées pour la fixation de tels objectifs de
réductions, le maintien de tels objectifs conduirait inévitablement à un
contentieux faute de pouvoir mobiliser des solutions techniques adaptées.
Nous demandons le retrait de cette
mesure du projet de SDAGE, en favorisant en premier lieu l’amélioration des
connaissances sur le sujet. L’impact de tels objectifs associés à l’extension
de la zone vulnérable fragilisera inévitablement les élevages notamment ceux
très précaires économiquement qui risquent de disparaitre par la pression règlementaire
exercée.
Concernant le
Chapitre Phosphore du SDAGE
Dans
son orientation 3B, le projet de SDAGE préconise de mettre en place des mesures
de bonne gestion du phosphore ainsi qu’un équilibre global de la fertilisation
conformément au cadre national décidé en décembre 2013.
Nous rappelons notre attachement à ce
que ces mesures soient conformes au cadre national qui a fait l’objet de
nombreuses discussions pour aboutir aux textes en vigueur. Aussi nous demandons
que la rédaction actuelle (version du 4 septembre 2014, validée par la
commission planification) ne soit pas modifiée.
Concernant le
Chapitre gestion quantitative du SDAGE
Le
chapitre gestion quantitative du projet de SDAGE, en créant de nouveaux
zonages, tend à interdire tout développement de l’irrigation et encadre très
fortement les projets de substitution des prélèvements ainsi que le
développement des prélèvements hivernaux sur l’ensemble du bassin Loire
Bretagne, même dans les territoires où ce n’est pas justifié. Les propositions faites
sont en incohérence totale avec le plan d’adaptation au changement climatique
(PNACC) proposé par le ministère ou la mobilisation de l’eau est l’un des
leviers d’adaptation proposé.
Nous refusons que le SDAGE détaille
des modalités de gestion, inadaptées aux spécificités de chaque territoire.
Dans les ZRE (zones de répartition des eaux), les gestions collectives qui se
mettent en place garantiront la gestion équilibrée de la ressource, tout en
permettant de sécuriser les usages économiques dont l’irrigation. Nous
demandons une réécriture complète du projet de SDAGE laissant la place au
développement des prélèvements là où le potentiel existe (en ZRE comme hors
ZRE) ainsi qu’à des conditions réalistes d’accès aux ressources hivernales sans
que d’autres chapitres du SDAGE (têtes de bassins et zones humides) ne viennent
anéantir tout projet de stockage.
Concernant les
chapitres sur les zones humides et têtes de bassins
Le
SDAGE donne compétence aux SCOT pour agglomérer les enveloppes de zones humides définies dans les SAGE (disposition
8E-1) et pour préciser les orientations de gestion qui contribuent à leur
préservation.
Nous demandons que les documents
d’urbanisme d’un niveau territorial tel que le SCOT ne s’emparent pas de la
question de préservation des zones humides ce n’est pas leur rôle. Les critères
de définition et les modalités de gestion des zones humides, adaptés aux
spécificités du territoire, doivent être définis au niveau local, au sein des
Commissions locales de l’eau notamment, prenant en compte les usages
économiques sur ces zones.
Le
SDAGE Loire Bretagne décide de conditions de mise en œuvre de la compensation applicables à toutes les
situations juridiques concernant les maîtres d’ouvrage de projets alors même
que la décision doit se faire au cas par cas en prenant en compte l’importance
du projet et ses impacts (dispositions 1D-1, 8B-1). Seuls les impacts notables,
significatifs doivent donner lieu à compensation. Dans ces conditions, comment
le SDAGE Loire Bretagne peut-il décider d’une façon générale et absolue, du contenu des mesures de compensation ?
Nous demandons que le SDAGE ne fixe
pas a priori un taux de compensation de zone humide. Nous proposons que le
SDAGE reprenne la rédaction du code de l’environnement sans chercher à étendre
le dispositif au-delà des possibilités réglementaires, c’est au porteur de
projet de prévoir les mesures compensatoires proportionnées aux atteintes
portées au milieu en compensation des impacts résiduels à une échelle
cohérente.
Le
SDAGE définit des zones de têtes de
bassins, zones amont des bassins versants dans lesquelles il préconise des
programmes d’action spécifiques, obligatoires et autonomes des autres mesures
du sdage et totalement déconnectés du diagnostic territorial sur les risques de
non atteintes des objectifs de la Directive Cadre sur l'Eau (dispositions 11A-1
et 11A-2). Dans certains les SAGE, ces zones peuvent représenter 40-60 % du
territoire (il s’agit de très petits cours d’eau, avec une densité de chevelu
importante).
Nous dénonçons le fait que le SDAGE
créée ce zonage, qui n’existe pas dans la règlementation. Nous refusons que le
SDAGE impose, a priori, le renforcement des mesures de préservation alors même
que ces milieux sont encore mal connus et mal délimités, sans en avoir évalué
la pertinence environnementale et économique pour les activités de ces
territoires. Les acteurs de ces territoires sont les mieux à même pour étudier
et hiérarchiser expérimentalement les mesures de gestion efficientes. Les
opérations envisagées dans ces secteurs (reconquêtes de zones humides,
aménagement de cours d’eau) doivent être économiquement raisonnables tout en
garantissant une efficacité environnementale.
Nous dénonçons la généralisation de ce
zonage des têtes de bassins qui conduit
dans certains secteurs à sanctuariser complètement les territoires anéantissant
tout projet de développement économique.
Nous ne pouvons accepter que ces têtes
de bassin où les activités économiques sont importantes soient régies par des règles
environnementales arbitraires à caractère obligatoire fragilisant ainsi les
activités économiques qui y vivent et conduisant à des distorsions avec les
autres territoires. Ainsi, les projets de développement de la ressource, par
stockage hivernal pour approvisionner en eau des exploitations agricoles
notamment en productions de légumes, sont complètement bloqués dans ces
territoires alors même que ces productions à haute valeur ajoutée contribuent à
l’économie territoriale.
Concernant le
littoral
Dans
l’orientation 10A et la disposition 10A-1, le SDAGE maintien les objectifs de
réduction de flux de nutriments pour les SAGE possédant une façade littoral.
Nous demandons à disposer d’études
définissant l’origine des flux avant de définir un programme de réduction des
flux. L’agriculture n’est vraisemblablement pas l’unique origine de ces flux,
d’autres activités (comme le dragage ou l’élevage conchylicole) peuvent y
contribuer aussi.
Nous refusons que l’activité agricole
fasse l’objet d’obligation alors que les autres secteurs n’ont que des
recommandations (cas du dragage notamment). D’autant plus que la disposition
10A-4 le précise bien : les connaissances scientifiques sont lacunaires.
Concernant
l’analyse économique
Nous
avons demandé lors de l’élaboration du projet de SDAGE, que les dispositions
imposant des opérations d’aménagement de la ressource (opérations envisagées
notamment pour la reconquête de zones humides, aménagement de cours d’eau,
effacement d’ouvrage) fassent systématiquement l’objet d’une analyse coûts-bénéfices
(analyse qui permet de mesurer, sur la durée, l’écart entre les bénéfices
attendus de la mesure et les coûts de sa mise en œuvre).Tous les aménagements
préconisés par le SDAGE doivent être économiquement raisonnables tout en
garantissant une efficacité environnementale.
Nous demandons que dans l’orientation
12F soient citées les dispositions pour lesquelles une analyse coûts-bénéfices
est pertinente. Lors de processus de rédaction du SDAGE nous avions proposé la
mention des dispositions suivantes :
1A-3 / interventions engendrant des modifications de profil en long ou en
travers du cours d’eau ; 1B-2 / plan d’actions identifiant les mesures
nécessaires à la restauration durable du fonctionnement des
hydrosystèmes ; 1B-1 / opération de restauration, modification ou création
d’ouvrage transversal dans le lit mineur des cours d’eau ; 1B-3 /
effacement d’ouvrage ; 1B-4 : étude permettant d’identifier les ouvrages
sur lesquels il faut intervenir en priorité ; 8A-2 : diagnostic
socio-économique des activités et usages des zones humides pour proposer des
leviers d’actions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire