Fait à Paris, le
29 juillet 2015
Les producteurs
de viande ont besoin de 250 € par animal commercialisé pour sortir la tête hors
de l’eau, et couvrir leurs coûts de production.
Les deux
actions mises en route depuis plusieurs semaines, c’est l’engagement pris par
les acteurs de la filière de revaloriser les animaux viande et la demande d’un
plan d’urgence. L’objectif est d’obtenir 60cts d’euros sur 12 semaines, en
agissant sur les 4 leviers : abatteurs, grande distribution, RDH, et
export.
Mais les
mauvaises habitudes sont tenaces. Demander des hausses à la grande distribution
pour les abatteurs est un réflexe plus difficile que de proposer des baisses
pour prendre le marché à son concurrent français !
Au fait, quelle
concurrence ? 95% de la viande en GMS est d’origine française, donc nos
industriels détiennent 95% de part de marché de ces GMS !
Alors où cela
coince-t-il ? C’est très simple. Leur seul concurrent c’est eux-mêmes. Il
y a de quoi halluciner.
Pour la RHD, la
responsabilité des hommes politiques est immense d’avoir négligé ce secteur
stratégique, source d’équilibre d’une filière. Là aussi il y a de quoi
s’arracher les cheveux.
70% d’import en
France dans ce secteur, alors qu’en Allemagne grand pays ouvert au marché,
c’est 70% de viande allemande dans la restauration hors domicile. Chercher
l’erreur.
La prise de
conscience tardive du Gouvernement doit être à effet immédiat. Les commandes de
la restauration collective sont en route, la rentrée des écoliers et des
vacanciers est dans 3 semaines.
Les grands
spécialistes de ce secteur, tel que POMONA, SODEXO, SOGERES, METRO, ou
PROMOCASH, doivent afficher d’eux même leurs engagements en viande française,
sinon…
Enfin,
l’export, que de temps perdu ! Tout le monde sait depuis des années que le
marché européen est mature, et que le salut pour un grand pays producteur de
viande comme la France se fera au grand large.
Je n’imagine
pas un industriel de la viande qui n’adhérera pas à la plateforme commerciale
export, sinon…
Il y a encore des rêveurs qui pensent que
Bruxelles va régler les problèmes, alors que les gouvernements successifs ont
laissé filer l’organisation commune de marché au grand large du libéralisme. Il
est temps de s’offusquer !
Le silence
assourdissant du commissaire à l’agriculture, Monsieur… comment s’appelle-t-il déjà ?
Aucun éleveur ne connait son nom. Ceci est révélateur d’une impuissance
désespérante. La France doit porter à elle seule les difficultés des
producteurs de viande à Bruxelles.
Allons au plus
pressé, la revalorisation du prix, marché ou pas marché, est la solution à
court terme.
Que de temps
perdu ! Le plan d’urgence doit pallier à cette montagne d’égoïsme de la
filière, et à l’insouciance des politiques.
Il y a deux « couillons » :
le consommateur qui paie, et l’éleveur qui n’est pas payé !
Alors c’est la
faute à qui ? A part la sécheresse, la Grèce, la Russie, la consommation
qui soi-disant baisse ! Peut-être aussi le vent, la pluie, la neige !
Je suis sûr d’une chose, ce n’est pas celle des éleveurs, avec une productivité
annuelle de 2% par an, avec des prix consommateurs qui ont augmenté de 62% en
20 ans, alors que les prix à la production s’apprécie que de 18% en 20 ans,
avec des coûts de production qui se sont accrus de 56%.
Les éleveurs
peuvent encore faire mieux, pourquoi pas !
Plus d’autonomie,
pourquoi pas ! Travailler encore mieux collectivement, pourquoi pas !
Plus de contractualisation, banco ! Mais avec un coût de production pris
en compte par la grande distribution !
Mais travailler
et ne pas en vivre, c’est terminé !
Jean-Pierre FLEURY, Président de la Fédération Nationale
Bovine
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