lundi 3 août 2015

« La honte d’une Nation : laisser mourir ses éleveurs qui la nourrissent »

Fait à Paris, le 29 juillet 2015
 

Les producteurs de viande ont besoin de 250 € par animal commercialisé pour sortir la tête hors de l’eau, et couvrir leurs coûts de production.

Les deux actions mises en route depuis plusieurs semaines, c’est l’engagement pris par les acteurs de la filière de revaloriser les animaux viande et la demande d’un plan d’urgence. L’objectif est d’obtenir 60cts d’euros sur 12 semaines, en agissant sur les 4 leviers : abatteurs, grande distribution, RDH, et export.

Mais les mauvaises habitudes sont tenaces. Demander des hausses à la grande distribution pour les abatteurs est un réflexe plus difficile que de proposer des baisses pour prendre le marché à son concurrent français !

Au fait, quelle concurrence ? 95% de la viande en GMS est d’origine française, donc nos industriels détiennent 95% de part de marché de ces GMS !
Alors où cela coince-t-il ? C’est très simple. Leur seul concurrent c’est eux-mêmes. Il y a de quoi halluciner.

Pour la RHD, la responsabilité des hommes politiques est immense d’avoir négligé ce secteur stratégique, source d’équilibre d’une filière. Là aussi il y a de quoi s’arracher les cheveux.
70% d’import en France dans ce secteur, alors qu’en Allemagne grand pays ouvert au marché, c’est 70% de viande allemande dans la restauration hors domicile. Chercher l’erreur.

La prise de conscience tardive du Gouvernement doit être à effet immédiat. Les commandes de la restauration collective sont en route, la rentrée des écoliers et des vacanciers est dans 3 semaines.

Les grands spécialistes de ce secteur, tel que POMONA, SODEXO, SOGERES, METRO, ou PROMOCASH, doivent afficher d’eux même leurs engagements en viande française, sinon…

Enfin, l’export, que de temps perdu ! Tout le monde sait depuis des années que le marché européen est mature, et que le salut pour un grand pays producteur de viande comme la France se fera au grand large.
Je n’imagine pas un industriel de la viande qui n’adhérera pas à la plateforme commerciale export, sinon…

Il y  a encore des rêveurs qui pensent que Bruxelles va régler les problèmes, alors que les gouvernements successifs ont laissé filer l’organisation commune de marché au grand large du libéralisme. Il est temps de s’offusquer !

Le silence assourdissant du commissaire à l’agriculture, Monsieur… comment s’appelle-t-il déjà ? Aucun éleveur ne connait son nom. Ceci est révélateur d’une impuissance désespérante. La France doit porter à elle seule les difficultés des producteurs de viande à Bruxelles.

Allons au plus pressé, la revalorisation du prix, marché ou pas marché, est la solution à court terme.

Que de temps perdu ! Le plan d’urgence doit pallier à cette montagne d’égoïsme de la filière, et à l’insouciance des politiques.

Il y a deux « couillons » : le consommateur qui paie, et l’éleveur qui n’est pas payé !

Alors c’est la faute à qui ? A part la sécheresse, la Grèce, la Russie, la consommation qui soi-disant baisse ! Peut-être aussi le vent, la pluie, la neige ! Je suis sûr d’une chose, ce n’est pas celle des éleveurs, avec une productivité annuelle de 2% par an, avec des prix consommateurs qui ont augmenté de 62% en 20 ans, alors que les prix à la production s’apprécie que de 18% en 20 ans, avec des coûts de production qui se sont accrus de 56%.

Les éleveurs peuvent encore faire mieux, pourquoi pas !

Plus d’autonomie, pourquoi pas ! Travailler encore mieux collectivement, pourquoi pas ! Plus de contractualisation, banco ! Mais avec un coût de production pris en compte par la grande distribution !

Mais travailler et ne pas en vivre, c’est terminé !



Jean-Pierre FLEURY, Président de la Fédération Nationale Bovine

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